Une vie pour sculpter

En 1963, l’École des beaux-arts de Montréal lançait dans la vraie vie douze jeunes sculpteurs munis d’un diplôme leur assurant tout au moins le titre ambivalent d’artiste! Roger Langevin était l’un de ceux-là. Aujourd’hui, ils ne sont que quelques-uns à pouvoir dire qu’ils ont fait carrière.

Que s’est-il passé pour que la plupart aient mis un frein au désir de création qui les animait? Qu’est-il advenu de cet «esprit créateur» qu’ils avaient cultivé avec tant d’ardeur? Invoquer une fin de non-recevoir de la part de la société en général ne saurait expliquer leur défection. Roger Langevin pense qu’elle est due plutôt à des lacunes dans la formation dispensée à l’École des beaux-arts. Bien qu’on y ait fait des efforts considérables en vue de former des créateurs et non des exécutants, on aurait dû, selon lui, initier davantage les apprentis-artistes au marché de l’art et à la technique pure et simple. C’est donc pour pallier ce manque, fort des nombreuses années passées à faire voler les copeaux, à triturer l’argile ou à manier la truelle du maçon, que l’auteur s’est attelé à cette tâche d’écriture. Il ne perd jamais de vue son objectif qui est d’aider des sculpteurs à entreprendre ou poursuivre avec succès une carrière d’artiste et d’autres, artistes dans l’âme, à trouver dans ces pages matière à réflexion.

Ce livre se veut d’abord un témoignage, l’auteur s’abreuve aux sources de son vécu et s’appuie sur ses expériences accumulées sur près de vingt ans, à vivre entièrement de son art. Il prend en exemple ses œuvres qui sont là pour illustrer et soutenir son argumentation théorique. Il évoque d’abord les personnes, événements, objets, par lesquels son goût démesuré pour la sculpture a grandi. Il est ensuite question des qualités fondamentales qu’un sculpteur doit posséder et cultiver. Enfin, l’auteur termine avec la question de la promotion de l’art avant celle de la réalisation car, notamment en sculpture monumentale, il faut la plupart du temps vendre le projet avant de l’entreprendre.