Comme l’œil de Caïn

34,95 $
  • Roman de 600 pages
  • Format : 6 x 9 pouces
  • Couverture couleur, reliure souple
  • ISBN 978-2-89634-499-4

Fille du riche industriel Nicolas Lachance, président-directeur général des Entreprises Lachance avec pignon sur rue à Québec, Brigitte, sur recommandation et insistance de ses parents, épouse sans amour véritable Bernard Lemay, l’un des meilleurs architectes de la compagnie et bras droit de son père. Sous ses airs d’ange, Bernard se révèle bientôt un être narcissique, exigeant, violent et infidèle. Pour éviter de sombrer dans la dépression, Brigitte renie alors ses promesses de mariage et poursuit sa route avec le beau Émile Hébert, que son amie Julie lui a présenté lors d’un anniversaire. Un grand malheur survient et perturbe la vie jusque-là tranquille du couple. Quant à Bernard, frustré d’avoir été largué et trahi par son beau-père, il prépare sa vengeance en mettant au point un plan diabolique pour faire tomber l’entreprise. Y parviendra-t-il ?

  • Bergeron, Claire

    Claire Bergeron a pris goût à l’écriture après avoir oeuvré pendant trente ans dans l’enseignement au primaire dans les écoles des Commissions scolaires des Découvreurs et de la Capitale. Sans renoncer à la peinture, elle a publié deux recueils de nouvelles, Avec des yeux d’enfants (2014) et La vie de l’autre (2018), qui ont été fort bien accueillis. Encouragée, elle a décidé de se lancer dans l’écriture d’une saga romanesque intitulée Derrière le rideau qui a attiré l’attention d’un lectorat élargi. L’histoire du premier tome (2019) se déroule dans sa ville natale, Chicoutimi, au milieu des années 1950, alors que l’intrigue du second tome, Par-delà les frontières (2021), s’amorce en 1961 pour se poursuive au-delà du premier référendum, au début des années 1980. Comme l’œil de Caïn est son troisième roman.

    Autre(s) oeuvre(s) de l'auteur
Un roman volumineux qui se lit aisément d’un bout à l’autre tellement l’action nous est présentée avec une facilité qui fait honneur à son écriture, simple, précise et souvent imagée.
Michel Leduc

Caïn, personnage biblique, est responsable de la mort de son frère Abel. Dieu l’a puni et il a dû vivre dans la honte jusqu’à sa mort. L’œil l’a suivi jusqu’à sa tombe. C’est un signe d’opprobre demeuré dans la littérature. L’auteure vise un des principaux personnages du roman dans sa quête de vengeance au sein de l’entreprise où il exerce en tant qu’architecte compétent et reconnu pour ses qualités professionnelles, mais non humaines.

Ce titre intrigant à première vue contribue à la mise en route du roman d’un rythme captivant d’un couvert à l’autre avec la présence de multiples personnages issus principalement de la famille Lachance dont le père est propriétaire d’une compagnie prospère de Québec dans le domaine de la construction.

Il s’agit du troisième roman de Claire Bergeron qui reprend une structure où la voix intérieure des principaux personnages est reprise en alternance avec la voix narrative de l’auteure permettant au lecteur de suivre aisément les péripéties de l’œuvre qui ne manque pas d’intérêt. Contrairement à ses deux romans antérieurs, le suspense est plus présent dans ce roman racontant les forfaitures de Bernard pour assouvir sa vengeance en rapport avec son mariage raté avec Brigitte, fille de Nicolas Lachance, président directeur de la firme.

Le personnage de Bernard, être profondément égoïste et misogyne, est présenté de façon habile, car c’est à l’intérieur du récit que l’on découvre les effets de sa vengeance sur la famille Lachance et en particulier sur Brigitte qui le découvre tel qu’il est véritablement malgré son importance au sein de l’entreprise. La séparation de ce personnage infâme avec Brigitte, devenue son épouse, va le conduire à une détestation sans borne de celle-ci et à la mise en place d’un plan machiavélique ayant pour but de l’enrichir, lui et sa maîtresse, au détriment de la famille Lachance.

Il s’agit d’un roman volumineux qui se lit aisément d’un bout à l’autre tellement l’action nous est présentée avec une facilité qui fait honneur à son écriture, simple, précise et souvent imagée. Comme dans ses autres romans, l’intérêt est dans la narration à tour de rôle des personnages qui font part au lecteur de leurs sentiments et surtout de leurs appréhensions par rapport à l’action principale dont le centre est la vengeance de Bernard.

L’auteure divise son roman en deux parties alors qu’une année sépare la première partie de la deuxième. Jy décèle, moi, quatre parties qui marquent le déroulement de laction. La première nous permet de connaître la personnalité de Bernard et de la fille de Nicolas, Brigitte. L’action commence en 1969, à Québec quand les deux vont se marier religieusement. Un mariage qui révèle la vraie personnalité de Bernard rêvant d’une femme à la maison au service d’un mari possédant tous les droits sur sa femme. Ce qui est incompatible avec la personnalité de Brigitte, personne autonome rêvant d’amour et d’égalité avec son mari. La table est mise pour que s’ensuive une série de disputes et de déceptions les conduisant au divorce. Dans cet univers traditionnel où l’église catholique règne sur les consciences, le divorce est très mal vu et la femme doit s’en remette aux prières pour endurer un mari qu’elle arrive à détester, alors que Brigitte représente la femme se révoltant contre sa condition dans sa volonté d’autonomie. L’opposition entre les deux protagonistes du récit est bien marquée par l’auteure qui valorise, il va de soi, l’autonomie de la femme.

La deuxième partie marque l’arrivée d’un nouveau personnage, celui d’Émile, représentant l’envers de la médaille par rapport à Bernard tant du point de vue personnalité que du point de vue des valeurs humaines. La rencontre entre Brigitte et Émile va nous conduire à l’union de ces deux êtres faits l’un pour l’autre, mais hors de l’église catholique, ce qui représente pour l’époque une épreuve à surmonter. Un bébé va naître de cette union en concubinage qui va ravir le couple et faire grandir leur bonheur jusqu’à l’avènement d’un malheur mettant leur amour à l’épreuve. Le seul à s’en réjouir est Bernard qui se sent trahi par Brigitte.

La troisième partie marque la renaissance de Brigitte qui va, avec l’aide de son mari, d’une amie et de sa famille, créer un centre pour venir en aide aux personnes endeuillées. Son travail d’accueil et de bienveillance sera reconnue socialement. Bernard, qui a trouvé une nouvelle compagne, continue à marquer son insatisfaction par rapport à la façon d’agir des femmes qui s’émancipent de plus en plus. Un mariage civil va permettre à Émile et Brigitte d’être officiellement reconnus comme mari et femme.

La quatrième partie marque l’arrivée d’une arriviste dans la vie de la famille Lachance. Cette personne va réussir à séduire Nicolas, père et propriétaire de l’entreprise, et l’amener tranquillement, grâce à ses qualités de séductrice, à se séparer de sa femme Florence et à habiter avec elle en attendant le mariage. Le but de cette personne est de soutirer de l’argent par héritage grâce à un subterfuge entraînant Nicolas, le père de famille mariée à Florence depuis plus de trente ans, à rompre définitivement avec sa femme. Le piège va se refermer sur Nicolas jusqu’à ce que la vérité sur les intentions de cette ravissante femme lui soit dévoilée et que Bernard, l’architecte, complice de l’ensorceleuse soit lui-même dénoncé pour sa forfaiture à l’endroit de son patron.

Ces quatre parties sont parsemées de détails à caractère personnel et social représentatifs des habitudes de vie des familles de chacun des principaux personnages. Ceux-ci apparaissent dans la trame du récit contribuant à dévoiler les mœurs propres à la société québécoise des années soixante-dix qui a vu la montée du Parti québécois, l’émancipation de la femme, la violence sociale et une volonté de libération nationale qui effleure le sujet principal : la vengeance d’un individu échouant dans sa tentative de mal faire.

Ajoutons que la description des personnages est convaincante dans leur rôle grâce à une écriture simple, claire et précise représentant chacun de façon vivante au point de se demander si l’auteure ne les a pas côtoyés dans le courant de sa vie.

À l’intérieur de ce roman, se joue également, en mineur, un drame : celui d’un fils du couple Lachance, André, qui se démarque par rapport aux autres membres de la famille par son côté marginal. Celui-ci souffre du rejet paternel malgré l’amour de sa mère Florence. L’habileté de l’auteure est d’arriver à marier le drame du jeune homme à l’intrigue principale et à son aboutissement dans une finale enlevante.

Je note aussi que l’auteure utilise des extraits de poèmes à plusieurs occasions comme elle l’a fait antérieurement dans ses deux premiers romans. Ces extraits présentés en épigraphe sont tirés du recueil de Michelle Rousseau intitulé Promenades nomades. Ils servent à marquer les temps forts du roman et précèdent toujours une situation fortement émotive chez Brigitte, l’âme sœur de l’auteure.  La seule exception est pour Nicolas qui reconnaît l’amour qu’il porte à son fils, bébé Xavier. La page couverture est signée Raphaëlle Émond, la petite-fille âgée de 7 ans de la romancière.

En conclusion, je me permets de noter, qu’au-delà des intrigues d’ordre sentimental et de leurs multiples ramifications menées avec habileté par l’auteure, il l y a aussi un côté balzacien dans ce roman dans sa façon de représenter la réalité d’une époque et des personnages qui se moulent à une société québécoise à un moment de son histoire la plus captivante : la révolution tranquille.

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